Peu de traces subsistent dans le paysage réunionnais du petit train qui, pendant plus de 80 ans, sillonna la Réunion. Aujourd’hui, il ne reste qu’une locomotive et quelques wagons soigneusement entretenus pour attester de l’existence du plus efficace des transports en commun. Le 11 février marquera pourtant le 131ème anniversaire du premier voyage du ti-train peï.
Coincés dans les embouteillages, les Réunionnais vous le diront : « il était bon le temps du ti-train ». C’était avant la politique du « tout route », à l’époque du plein essor de l’économie sucrière, au milieu du XIXème siècle.
Dès 1875, un accord fut obtenu entre investisseurs et décideurs pour construire le réseau. Il serait divisé en deux parties : 50 km environ entre Saint Denis et Saint Benoît à l’est, et 80 km à peu près de Saint Denis à Saint Pierre. Il traverserait des concessions gratuites obtenues pour 99 ans.
Le 28 février 1878, la Compagnie du Chemin de Fer et du Port de la Réunion, la CPR, était constituée. Les travaux commencèrent. Après 4 ans de travaux, les 126 km de voies ferrées, 41 ponts métalliques, 14 ponts en maçonnerie, les dizaines de ponceaux, aqueducs et tranchées mais aussi les treize gares et les 29 haltes étaient prêts pour le voyage inaugural. Particularité du chemin de fer réunionnais, des voies étroites. Entre deux rails, il n’y a qu’un mètre alors qu’en Europe, la largeur est de 1,44 m.
Le 11 février 1882, c’est dans la liesse générale que le premier convoi s’ébranle avec, à son bord le « gratin local », notamment Pierre Etienne Cuinier, le gouverneur, et Monseigneur Coldefy, l’Evêque de la Réunion. Il bénira la locomotive, ses six voitures et ses deux fourgons.
Pourtant après 80 années de bons et loyaux services, le « petit train » doit cesser ses activités. La route en corniche qui relie Saint Denis à la Possession aura eu raison de lui.
Aujourd'hui, on peut encore voir un tronçon de voie métrique à la Grande Chaloupe, sous le tunnel, face à l'entrée sur la corniche. La Grande Chaloupe abrite d’ailleurs un petit musée ferroviaire. On y découvrira quelques locomotives restaurées et autres vestiges historiques. Et avec un peu de chance, vous pourrez même participer à une sortie du convoi toujours bichonné par une poignée de passionnés.