Exposition pour suivre les traces du Tigres au Musée des Arts Décoratifs de l’Océan Indien à Saint Louis
Jusqu’au 4 août, le Musée des Arts Décoratifs de l’Océan Indien vous invite à découvrir les traces du peuplement chinois à la Réunion au travers de pièces de mobilier rares, où l’art de la calligraphie et du paysage chinois sont à l’honneur. Une exposition exceptionnelle, entre symbolisme complexe, imaginaire foisonnant et pure beauté des objets. Une invitation à découvrir une composante de la population, la communauté chinoise.
Si le MADOI se penche cette composante importante du peuplement réunionnais, c’est qu’à travers les objets du quotidien, il apporte des éléments de compréhension des cultures qui ont forgés l’âme réunionnaise. La population réunionnaise d’origine chinoise est estimée à environ 3%. Mais bien que minoritaire, elle n’en laisse pas moins son empreinte dans la culture locale.
Vous n’avez pas manqué la « boutik sinois », véritables cavernes d’Ali-baba, dans vos pérégrinations. Vous avez apprécié le shop suey peï. Peut-être même portez-vous ses délicieuses « savate deux doigts» bon marché en plastique vert ou bleu. Ca, c’est le côté « chine contemporaine » de la Réunion. Mais, à l’origine du peuplement chinois de la Réunion, il y a une tout autre histoire.
Les premiers flux migratoires débutèrent avant même l’abolition de l’esclavage. Leur réputation d’excellents laboureurs les ayant devancé, les premiers engagés, au nombre de 54, débarquèrent à l’ïle Bourbon le 13 juin 1844. Ils furent rapidement couverts d’éloges et 110 autres ne tardèrent pas à les rejoindre. Robustes, travailleurs, disciplinés et rarement adeptes de la boisson, ils s’intègrèrent facilement. Après l’abolition de l’esclavage, les « engagés » chinois, dont beaucoup sont originaires de la région de Canton mais parlent deux dialectes différents, immigrèrent spontanément jusqu’en 1936 pour travailler dans les plantations de canne à sucre. Ils peuvent désormais venir dans l’île comme « passager libre d’engagement » et la plupart s’installèrent dans le commerce notamment à Saint Denis avant de rayonner dans toute l’île. Grâce à un système d'entraide et de solidarité exemplaire, ces boutiquiers développèrent le commerce de détail avec succès. Un temps fournisseurs exclusifs des Réunionnais, ils facilitent la fidélisation de la clientèle en mettant en place, pour les périodes difficiles, le « carnet de crédit ». Au début du XXème siècle, beaucoup retournèrent au pays pour trouver une femme ou reprendre leur famille. Puis ils revinrent s'installer.
Depuis, cette communauté a suivi avec beaucoup de réactivité les évolutions économiques de l’île, se lançant avec l’heure dans la grande distribution, envoyant les enfants faire de brillantes études au quatre coins du Monde et renouant ainsi avec la tradition artistique ancestrale.
Dans une scénographie conçue pour évoquer un jardin imaginaire, l’exposition propose donc un monde où l’homme vit en harmonie avec la nature. Des animaux mythologiques, un symbolisme subtil, des évocations poétiques et le savoir-faire délicat qui caractérisent l’art chinois sont au rendez-vous à travers des objets issus de collections privées, mais aussi des raretés prêtées spécialement par le prestigieux Musée du Quai Branly. Vaisselle, calligraphie, paravents, bureaux, portes, vêtements : spectaculaires ou anodins, les objets montrés et mis en scène nous transportent dans un univers à la fois étrangement exotique et familier, où l’on reconnaît des éléments, des formes, des images devenues communes à La Réunion, et où l’on découvre en même temps l’étonnante complexité de l’artisanat de ce pays immense, lointain et mystérieux.
L’expo est ouverte le lundi de 12h à 18h et du mardi au dimanche de 10h à 18h.
Et si elle vous donne envie de poursuivre plus loin votre voyage de la Chine à la Réunion, ne manquez pas la Villa Fock Yee, rue de la Bourdonnais à Saint-Denis, l’école franco-chinoise de la Chaussée-Royale de Saint-Paul ou la pagode de Guan-Di, rue Marius et Ay Leblond à Saint-Pierre.