L’établissement thermal Irénée Accot à Cilaos est le seul centre de soins thermaux de cette partie de l’Océan Indien.
Les thermes de Salazie
Mais il n'en fut pas toujours ainsi ; il y a quelques décennies, les thermes de Salazie venaient concurrencer ceux de Cilaos. En effet, ce sont les thermes qui ont permis l'essor de ces deux cirques, et ce dès le XIXème siècle. A Salazie, le village d'Hellbourg fait office de précurseur et c'est toute la « jet-set » de l'époque qui vient se prélasser dans ce lieu en vogue (un casino est même construit juste à côté). Bien sûr on y soigne de nombreuses maladies, on profite de la fraîcheur des hauts, et les thermes accueillent même des militaires de Madagascar qui viennent s'y ressourcer. Le fameux cyclone dévastateur de 1948 mettra un terme à l'exploitation des thermes d'Hellbourg (et mettra en suspens ceux de Cilaos). Aujourd'hui, leurs ruines font l'objet d'une jolie balade, au bout d'un chemin bordé de lianes chouchous, au bord d'un petit cours d'eau.
Les thermes de Cilaos
L'accès aux thermes de Cilaos, aux bienfaits curatifs connus depuis 1882, à presque 1200 m d'altitude, était beaucoup plus difficile. Le sentier périlleux qui y mène est d'abord réservé aux seuls piétons, cavaliers ou notables transportés dans les fameuses « chaises à porteurs ». La route ne devient carrossable qu'en 1932, désenclavant Cilaos et lui ouvrant des perspectives de développement.
Vraisemblablement découvertes par les esclaves « marron » réfugiés à Cilaos au XVIIIème siècle, les sources thermales du cirque connaissent leurs premiers baigneurs aux environs de 1830. Des bassins sommaires sont alors creusés dans le lit du cours d'eau, et les curistes y trempent dans une eau naturellement chaude (jusqu'à 38°C). Ils peuvent aussi se « désaltérer » dans des buvettes servant une eau plus ou moins chaude aux vertus digestives et fortifiantes.
D'abord logés chez l'habitant (les premières « chambres d'hôtes » !), les curistes sont ensuite hébergés dans des constructions en bois, améliorées au fil du temps. Un hôtel est inauguré dans les années 1870 et reçoit les curistes plus fortunés Saint Paulois ou Dyonisiens, quand ceux-ci ne disposent pas carrément d'une case de « changement d'air », c'est à dire une résidence secondaire dans la fraîcheur salutaire des hauts.
A la veille du XXème siècle, un établissement thermal digne de ce nom est enfin édifié et inauguré en 1897 ; on y traite des pathologies allant de la goutte à l'hystérie, en passant par le rhumatisme chronique. La gamme des soins est même étendue et une salle d'hydrothérapie propose des soins de sudation, des massages et des douches écossaises (sorte de saunas).
La réputation de l'établissement dépasse les frontières, et des curistes de Madagascar et de l'île Maurice affluent pour s'y faire soigner. Malheureusement, les dégâts causés par le violent cyclone de 1948 contraindront l'établissement thermal à fermer ses portes... pendant 40 ans !
Ce n'est qu'en 1988, en effet, que l'actuel Etablissement Thermal Irénée Accot, du nom de son instigateur l'ancien maire de Cilaos, fut inauguré, quelques dizaines de mètres en amont des anciens thermes. Il traite aujourd'hui principalement les maladies métaboliques et de l’appareil digestif, ainsi que les rhumatismes et les séquelles de traumatismes ostéo-articulaires.