Le piton que vous transpirerez quelque peu à gravir porte son nom. La longue rue principale s’appelle Raphaël Babet, l’école aussi et même le stade municipal. Bref, l’homme semble incontournable à Saint Joseph. Bien sûr, il y a aussi la rivière Langevin, la cascade Jacqueline ou encore le charmant quartier battu par les vagues de Manapany. Mais dans le centre ville, le fantôme de Raphaël est bel et bien là. Et pour cause…
Raphaël Babet, est le dernier né d’une famille de cinq enfants. Il voit le jour en 1894 dans la commune voisine de St Pierre. Malheureux enfant, il perd papa et maman à l’âge de cinq ans.
Peut-être est-ce cela qui poussera notre jeune orphelin à larguer les amarres à seize ans, pour commencer une vie d’aventurier. Premier job, il s’embarque comme Boy pour Marseille. Il a le pied marin et poursuit son tour du Monde. Il part en campagne de pêche dans les îles St Paul et Amsterdam. Il remet les pieds sur terre pour s’installer à Madagascar, qui à l’époque est encore une colonie française.
Lors de la guerre de 14/18, en bon patriote, Raphaël Babet s’engage dans le bataillon d’infanterie coloniale de l’Orient puis dans l’aviation de chasse, où il s’illustre. Il reste ensuite en Métropole jusqu’à la fin de la 2ème guerre mondiale. Et c’est de là qu’il se lance dans la politique et crée, en 1933, la « Démocratie », l’organe de presse des républicains indépendants du prolétariat de la Réunion. A l’époque, la Réunion sort appauvrie de la guerre. Sans jamais avoir subi de combat sur son sol, elle a dû consentir à l’effort de guerre, subir la pénurie alimentaire en particulier et sacrifier de nombreux enfants du pays au front.
Ainsi les idées de cet homme proche du peuple vont avoir un certain écho et quand il rentre au pays, il est élu maire de Saint Joseph. Il œuvrera tant au développement de la commune qu’elle lui dédiera de nombreux édifices. Il y construit un hôpital, la plus grande école d’agriculture de la Région, la mairie et le marché couvert. Au cœur de ses préoccupations, une question qui reste d’actualité localement : le chômage.
C’est pourquoi, il va encourager l’émigration réunionnaise dans le périmètre de la Sakay à Madagascar. Une ville sera même créée à sa mémoire sur place : Babetville. En quelques années, la région va devenir le plus gros producteur agricole de porcs notamment.
Elu député en 1946, il défendra bec et ongle les dossiers de son île jusqu’à sa mort en 1957.
Il est enterré debout face à la mer au sommet du Piton Babet, et une stèle à sa mémoire a été érigée à Babetville.