Si la forêt de Mare Longue à Sainte-Philippe constitue encore l’un des sites botaniques les plus préservés de la Réunion, c’est en grande partie grâce à Thérésien Cadet. Cet botaniste universitaire avait déjà compris que sur cette récente coulée de lave, l’ecosystème forestier est d’autant plus fragile qu’il est un des plus riches et des plus complexes.
Cette forêt tropicale humide de basse altitude est une véritable invitation à un voyage dans le passé car elle reste l'une des rares forêts naturelles originelles des régions chaudes et humides du globe. Dans les roches basaltiques, s’enchevêtrent des racines des mousses, des orchidées et des fougères, les espèces endémiques créent le décors… Ou l’on découvre à quoi ressemblaient les forêts de La Réunion autrefois !
Et Thérésien Cadet dans ce délicat décor ? Natif des Avirons en 1937, ce jeune homme d’origine modeste décroche l’Ecole Normale de Saint Denis avant de s’envoler à Paris pour suivre des études scientifiques dans la capitale. Aux côtés d’un médecin militaire à la retraite, il découvre sa passion pour les plantes.
Professeur agrégé, il commence sa carrière à l’école Normale de Saint-Denis avant de mettre en place, en 1964, le laboratoire de biologie végétal de l’Université de la Réunion ainsi que l’herbier universitaire. Ainsi, pour sa seule thèse de doctorat, Thérésien Cadet échantillonne plus de 7000 espèces, une collection qui fait encore référence.Toute sa vie , il se consacre à la connaissance de la flore de l'île et, plus généralement, des Mascareignes. Déjà à son époque, Thérésien Cadet constate que les zones dégradées par l'homme étaient envahies par des espèces exotiques.
Pour Mare-Longue, une des rares zones de forêt préservée, Thérésien Cadet prit l’initiative de travailler aux côtés de l'ONF et des institutionnels pour la préservation des milieux naturels. En 1981, ces efforts communs ont conduit à l'extension de la Réserve de Mare-Longue ainsi qu’à la création des réserves biologiques.
En février 1987, il meurt subitement. Mais la renommée de ce spécialiste de la flore des Mascareignes est désormais internationale. Poursuivant votre promenade en forêt, rien d’étonnant alors à croiser, sur le sentier, une stèle sertie dans un bloc de lave, qui lui rend hommage.